Pour sa deuxième partie de saison, l’Orchestre vous propose une nouvelle série d’articles, Nos invités en toute confidence.
Dans cette chronique, Valérie Milot nous parle de l’instrument unique avec lequel elle montera sur scène au Palais Montcalm : sa harpe Apollonia. Découvrez-en plus sur cet instrument hors du commun et sur l’histoire de ce coup de foudre instrumental!
C’est avec beaucoup de plaisir que j’anticipe la création de la pièce Rituel et Danse de Denis Gougeon. Non seulement parce que c’est une œuvre extraordinaire, et en symbiose avec ma perception de l’instrument qu’est la harpe, mais aussi parce qu’il s’agit d’une autre belle occasion de faire résonner Apollonia dans une salle d’acoustique extraordinaire ; le Palais Montcalm.
Apollonia, c’est le nom du magnifique instrument sur lequel je joue depuis 2019 ; une harpe signée par la maison italienne Salvi, qui m’est prêtée par le mécène québécois Roger Dubois.
Ma première rencontre avec cette harpe a eu lieu à Chicago, en 2017, alors que j’étais à la recherche d’un instrument avec une puissance particulière. À la suite d’une année où j’ai cumulé plus d’une vingtaine de concerts comme soliste avec orchestre, j’avais le ressentiment que mon instrument ne pouvait plus prendre toute la force que je lui imposais dans un contexte où il faut se distinguer d’une texture sonore orchestrale.
C’est à Chicago, chez le facteur de harpes Lyon & Healy – qui héberge aussi des instruments Salvi – que j’ai trouvé cette perle rare. Les deux maisons ont une entente particulière. Pour certaines harpes comme celle-ci, le corps est fabriqué à Crémone, en Italie, et le mécanisme et les cordes sont ajoutés à Chicago, aux États-Unis.
Après quelques notes jouées sur Apollonia, j’étais déjà sous le charme. Mon expérience avec les divers instruments qui ont croisé mon parcours a toujours été basée sur un coup de foudre, et celui-ci a été très fort!
Les harpes sont des instruments plutôt superficiels. Leur valeur est habituellement liée à la décoration de l’instrument, plutôt qu’à sa valeur historique. Ces instruments ne vieillissent pas bien, car la traction des cordes se fait directement sur la table d’harmonie. Avec le temps, cette partie constituée de bois mou a tendance à se déformer et peut même fendre. Il faut alors restaurer l’instrument, et le son n’est plus le même.
Ce qui est fantastique de cette harpe sur laquelle j’ai la chance de jouer, c’est qu’elle possède déjà un son très mature, ample et chaleureux, conjugué à une puissance extraordinaire, malgré son jeune âge (5 ans). Il s’agit d’un instrument rare en ce sens qu’il allie beauté visuelle et qualité sonore.
Au niveau de la lutherie, le bois intercalé avec les sections en or 23 carats en fait un instrument vraiment somptueux, qui est en fait un hommage à la mère du luthier Victor Salvi, qui s’appelait Apollonia. On peut voir des formes de cœur dans le haut de l’instrument qui se transforment en forme de larmes vers le bas. Bref, Apollonia fait toujours sensation dès son arrivée sur scène, mais je pense que son réel intérêt se retrouve à l’intérieur! C’est une partenaire de scène incroyable, dont toute la palette sonore sera exploitée lors de la création de Rituel et Danse de Denis Gougeon, le 2 mars prochain.
Quelques extraits vidéos de Valérie Milot et sa harpe Apollonia
Retrouvez Valérie Milot lors de notre concert Invitation à la harpe, le 2 mars 2022 à 20h, au Palais Montcalm!